Valle Gran Rey – Gomera

Valle Gran Rey est une petite ville sans grandes caractéristiques qui tire ses ressources essentiellement de l’exploitation de la banane et des touristes. Malheureusement pour elle les étrangers qui viennent ici sont pour la plupart à ranger dans la catégorie des “baba cool” pas trop fortunés.
Anglais, Canadiens, Suisses, Français et bien entendu Allemands, ont tous en commun l’amour des espaces protégés de la pollution du tourisme de masse.
Le confort n’est pas leur préoccupation essentielle et nous découvrons rapidement leur endroit de séjour privilégié.
À environ 2 km du port, les hautes falaises laissent progressivement la place à un littoral toujours escarpé, mais ou alternent des plages de graviers et des roches abritant des grottes. C’est là que pour un certain nombre, s’organise une vie de troglodyte.
Pourquoi pas, mais ce qui est amusant c’est de voir que ce qu’ils cherchent à fuir en venant ici, ils le réinventent !
En effet, façon lotissement bien de chez nous, chaque groupe a délimité son territoire en plaçant des murets de séparation construits à l’aide de gros galets dont les plages sont abondamment pourvues ?.
Le soir un feu de camps illumine chacune de ces “résidences secondaires” soulignant l’absence de communication entre voisins.
Au-dessus de ces blocs de roches, descendant de la montagne, plusieurs ruisseaux fournissent l’eau potable et surtout la possibilité de se rincer après un bain de mer, de se laver, ou de laver du linge.
Nos robinsons ont l’air heureux sur cette île et y séjournent entre 8 jours et plusieurs mois. Certains décident de prolonger leurs congés au-delà des limites de validité de leurs billets d’avion ce qui ici ne semble pas poser de difficultés, car il existe dans le village une organisation très germanique afin de ne pas perdre la totalité de la valeur de ces billets. Dans un bar, sont affichées toutes les propositions de vols à prix réduit.
Ces prix varient à la baisse plus se rapproche la date d’échéance.
On peut ainsi rentrer en France, en Angleterre et davantage en Allemagne, a très bon compte, bien sûr en endossant l’identité de l’autre, mais si vous aviez suffisamment observé la procédure d’enregistrement de la plupart des compagnies aériennes à cette époque, vous conviendriez que le seul risque était de ne pas figurer sur la liste des victimes en cas de crash.
Il faut quand même préciser que nos babas cools n’ont rien des traine-savates sales et désargentés. Sans être riches, la plupart d’entre eux, profitant de leur monnaie forte et du faible coût de la vie dans ces îles, peuvent facilement y séjourner plusieurs mois.
Ce qui fait encore le charme de Valle Gran Rey, ce sont les petits bistros et restos de bord de mer. Très animés en fin de journée, il est agréable de s’y arrêter boire un bon panaché rafraîchissant.
Les tables sont grandes ce qui facilite les contacts, car nous nous mélangeons et très vite les barrières linguistiques tombent.
Qui es-tu ?
Que fais-tu ?
Où vas-tu ?
Quelques phrases qui vous font découvrir des gens souvent étonnants, dilettantes, pommés, drogués, embrigadés dans des sectes religieuses, mais qui viennent ici parce qu’il y a le soleil, la mer, la beauté des paysages, la tranquillité, l’anonymat et, semble-t-il, le respect de l’autre.
Aucun ne laisse indifférent.
La banalité des contacts codifiés ne dure pas longtemps ; Les plus constipés seraient encore les globes flotteurs.
Dîner là est aussi un agréable moment, car la cuisine simple est copieuse et bon marché. Rares sont les soirs ou quelques guitaristes amateurs ne viennent créer une ambiance sympathique, à moins que ce soient les autochtones qui entonnent des refrains populaires, après quelques coudes levés…
Dès que l’on quitte le village la route musarde au milieu des plantations de bananes et traverse quelques hameaux nichés au milieu d’une végétation somptueuse, constituées de bougainvilliers, de flamboyants, de manguiers, d’avocatiers et des curieux papayers aux troncs minces et hauts d’où pendent des fruits gros et verts, dont les sommets s’ornent d’une touffe de feuilles particulièrement découpées !
C’est en traversant ces bananeraies que, pour la première fois, j’ai eu la curiosité d’observer les étapes de la maturation des régimes de bananes et constaté que contrairement à ce que j’avais imaginé en les regardant sur l’étal des marchands, ‘elles ne ” tombent pas ” mais, au contraire, elles se dressent vers le ciel !
Au début une fleur apparaît et progressivement s’ouvre laissant entrevoir ce qui sera plus tard le régime.
Les bananes à ce moment-là sont minuscules. La fleur finira de s’ouvrir, les pétales tomberont et le petit régime, alors tout nu, se dépêchera de prendre des forces jusqu’au coup de serpe qui consacrera sa maturité et sa fin.
La zone de bananeraies, en quittant le bord de mer, n’a guère plus d’un kilomètre de large et vient se heurter à la montagne qui, très rapidement s’élève à plus de mille mètres.
La Vallée Gran Rey se fraye un chemin entre deux massifs imposants et rampe péniblement jusqu’au col.
C’est une zone ou la banane cède petit à petit la place aux fruitiers, orangers et citronniers et ou quelques bovins, élevage local de subsistance, cherchent leur nourriture librement.
De temps en temps, un cow-boy sur sa monture, s’exerce au lasso ?

En haut de la vallée, agrippé sur son flanc ouest, solidement ancré sur de la roche, se trouve la maison d’Efigénie. Là nous pouvions pour 300 Pta, déguster une sorte de potée aux choux, servi avec du gofio, farine de mais tostadée avec un sacré bon p’tit vin blanc produit dans le nord de l’île.
Nous passons quelques jours de repos complet dans cet endroit si agréable, mais nous devons regagner Tenerife, notre amie ayant épuisé ses congés et aussi parce que le carnaval de Santa Cruz de Tenerife est annoncé. Il surclasserait, parait-il, celui de Rio !

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