Santa Cruz de Tenerife – Las Negras – Espagne

Je remonte à Santa Cruz de Tenerife afin de compléter les réserves de Maya, en carburant, eau et nourriture.
John est le premier d’entre nous à partir début mai. Il regagne les Baléares ou il hivernera.
Son bateau est transformé en tanker… Il a bourré son vieux Swan de 1500 litres de gazole, mais il est encore angoissé ; parviendra-t-il jusque là-haut ?
De son expérience de marin de la Marchande, il a conservé une confiance absolue dans la mécanique diesel.
La voile n’est établie en totalité que par vent arrière, force 3 où 4.
Au près, la grande voile arisée soulage le bateau du roulis et les voilures d’avant ne sont envoyées que très exceptionnellement.
Toute la marche du voilier repose exclusivement sur le moteur.

En ce qui me concerne, mon expérience de la navigation en solitaire n’excède guère 48 heures, ce qui est relativement court pour ne pas s’inquiéter du manque de sommeil, mais là ce ne sera pas pareil.
Vais-je pouvoir prendre du repos sachant que j’aime bien dormir ?
Je me procure un petit minuteur. Il va me permettre de programmer un délai que je règle sur 30 minutes. Ce temps n’est pas choisi au hasard. C’est celui que mettra un cargo dont on perçoit les feux au loin, pour arriver à votre niveau.
Je serai surpris de constater durant la remontée, que j’ai vite pris le rythme. Quand le minuteur sonne, je me lève, vérifie si aucun bateau n’est en vue, enclenche 30 minutes de plus et me rendors sans problème !

La remontée n’est certes pas agréable à envisager ; les vents de nord-est obligent généralement à filer au près sur Madère avant de pouvoir envisager de pointer à nouveau le nez sur Gibraltar.
Je calcule que c’est une histoire de 8 à 10 jours de navigation face au vent et à la mer…

La route au près en direction de Madère est un peu pénible. Certes, le régulateur d’allure est à son aise, moi un peu moins aussi, afin de prendre mes repas tranquillement, je n’hésite-pas à mettre Maya à la cap, foc à contre et grande voile libre. Le bateau dans cette position, se contente de bouchonner et ne me réclame donc aucun effort pour me tenir debout pour cuisiner et au calme pour casser la croûte.
Avant d’arriver à Madère, je décide de mettre le cap sur Casablanca.
Ce sera une erreur, car l’alizé ne me permet-pas de maintenir du près bon plein et me rabat sur Safi.
Je ne regrette-pas. Safi est un port de pêche important. J’y suis bien accueilli et ne manque pas de poisson durant les 3 jours que j’y passe.

La remontée jusqu’à Casablanca est calme, l’alizé s’est très affaibli. Seul l’approche de l’entrée du port lèvera un vent violent de Sud-Ouest et m’obligera à une manœuvre délicate d’empannage pour tourner l’entrée de la jetée à 180°.
Je retrouve un ami rencontré au Portugal. Il vit au Maroc et a remisé son voilier : Flanneur (avec 2 n, car un couple à bord !).
Il dispose d’une voiture aussi, c’est un vrai plaisir pour moi de redécouvrir des lieux autour de la ville que j’avais plaisir étant jeune à fréquenter.

Michèle m’appelle et me signale qu’elle a trouvé un endroit absolument superbe un peu après Malaga, las Negras, et loué un petit bungalow à 300 m, près de la plage et d’un endroit propice au mouillage pour Maya, la Cala San Pedro. Cet endroit est magnifique. Une belle plage, personne et un petit ruisseau approvisionnant un ancien lavoir servant de baignoire pour se rincer…
Une jetée rocheuse permet un mouillage correct.
Un petit paradis.

La remontée vers Malaga se passe sans grande difficulté, sauf au large de Rabat, de nuit, par mer calme, Maya se prend dans des filets de pêche flottants, éclairés par l’équivalent de quelques bougies. Je reste bloqué toute la nuit en attendant la venue des pécheurs. Ils coupent ce qui retient le voilier et me remorque jusqu’à Kénitra où je peux passer quelques heures dans les eaux terreuses de l’oued Sebou à dégager l’hélice et les dédommager pour la perte d’une partie d’un filet.

Le passage du détroit de Gibraltar se fait à grande vitesse au portant, en se méfiant néanmoins des énormes tankers montant et descendant.

Je ne connais-pas Gibraltar aussi pourquoi-pas aller s’y reposer une journée ?
Je suis accueilli avec beaucoup de classe par un : good morning skipper du responsable du port.

Sur les conseils de Michele, je fais ensuite escale à Malaga, laisse le bateau et prends le bus pour las Negras.
Je suis le seul homme à bord en compagnie d’une dizaine de femmes fort occupées à papoter tout en tricotant.
La petite route est désertique, mais le chauffeur de bus sert aussi de facteur et livre également quelques commandes sans oublier de faire une halte au bistrot du coin. Nous mettons plus de 3 heures pour arriver.

Quelques jours de repos dans ce lieu paradisiaque, puis je récupère Maya et le met au mouillage à la Cala San Pedro, à l’abri le long de la falaise.

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