Mahon. Rencontre avec l’équipe de France de plongée

La côte dans ce secteur est bordée de hautes falaises rocheuses dans lesquelles s’ouvrent d’innombrables grottes que je passe en revue, tant à pied qu’en Zodiac ; les eaux claires et profondes m’incitent à plonger et à pêcher, notamment des oursins que j’adore.
Le temps s’écoule paisible et c’est l’envie de contacts humains qui me pousse à lever l’ancre.
Je suis gavé de Calas et décide de filer directement à Mahon avec seulement un bref arrêt aux Cales Coves, encore un très joli mouillage, malheureusement sans plage.

Samedi 20 octobre

Je pénètre dans la magnifique baie de Mahon et file directement au muelle commercial ou je suis accueilli par une Allemande qui gentiment prend mes amarres. Que rêver de plus agréable comme accostage ?
J’ai rapidement fait le tour du centre-ville et note avec beaucoup d’intérêt la présence d’un marché couvert très agréable. Comme descriptif, c’est peut-être un peu court, mais à part le majestueux escalier conduisant des quais à la ville, traversant des petits jardins ombragés par de très beaux palmiers, je n’ai pas été particulièrement séduit par Mahon et vous invite à consulter un guide approprié pour de plus amples informations.
Dimanche matin un groupe de Français m’interpelle.
Il s’agit de l’équipe de France de pêche sous-marine en déplacement à Mahon pour une compétition internationale.
Jo, le capitaine m’explique qu’ils disposent de la semaine pour reconnaître les zones officielles de pêche, mais qu’ils n’ont toujours pas pu trouver un zodiac ou une embarcation à louer (les Espagnols ne manquent pas de malice) et qu’ils souhaiteraient, au moins pour la journée, bénéficier des services de Maya.
J’accepte avec plaisir d’autant qu’il s’agit d’un sport dont j’ignore tout des règles et en particulier ce que veut dire “reconnaître une zone”.

Deux zones sont délimitées, une au Nord de l’embouchure de la baie, entre la punta d’ Espera et la Isla de Colom, l’autre au Sud entre la Cala San Esteban et la Isla d’El Aire.
Nous attaquons par le Nord, mais au préalable Michel plonge chercher quelques poissons pour le casse-croûte que Jo, excellent cuisinier, préparera avec amour et aussi avec beaucoup de mérite, car sensible au mal de mer.
Je fais connaissance avec les trois plongeurs, tous méridionaux, Toulouse, Sète, Marseille.
Chacun à sa conception de la reconnaissance.
Il s’agit de “repérer” les lieux, les variétés de poissons présentes, les profondeurs. Pour l’un ce sont les grands fonds (30 à 40 m) qu’il souhaite explorer, pour un autre, c’est le Mérou, poisson casanier dont il lui faut repérer la tanière pour avoir de bonnes chances de trouver son occupant le Week-end prochain, pour le dernier, l’instinctif, c’est parcourir le plus de chemin sur les reliefs à 20-25 m et, noter les zones à rencontre maximum, quelques variétés que ce soit.
Tous ont un point commun, ils passent 6 heures par jour dans l’eau ! Ce sont de véritables athlètes s’imposant été comme hiver des heures de plongée d’entraînement et pourtant ce sport ne fait pratiquement pas parler de lui dans les médias ; je m’en rends compte aujourd’hui.
Maya semble convenir à tout le monde bien qu’un grand zodiac eut été plus pratique pour les plongeurs.
Un courant amical s’est vite instauré et nous passerons la semaine ensemble.
J’ai fait une cure de poisson et regrette de ne pas avoir noté les recettes de Jo. C’était chaque jour extraordinaire.
Je revenais au mouillage le soir avec des restes importants et, comme nous dînions ensemble au restaurant, je les offrais à Astérix.
Astérix est un Bi-Loup de 9 m mené par un jeune couple que j’avais connu aux Canaries quelques mois plus tôt. Ils sont remontés en France Méditerranéenne travailler afin de financer la continuité de leur voyage. Leur budget est très serré et leurs repas quotidiens se composent de riz dont ils ont fait une importante provision et du poisson qu’ils pêchent
Ils ne sont pas à plaindre.
Il suffit de voir leur “bouille” quand ils parlent de la mer. Ils veulent partir pour la Sardaigne, mais chaque tentative se solde par un échec, car au bout de quelques miles au large le vent tombe et comme il n’est pas question de mettre le moteur (H.B.) autrement que pour les manœuvres de port, je les retrouve tous les soirs. À moins que le vrai prétexte ne soient les petits plats que je leur procure ?

Vendredi 26 octobre.

Ce soir est jour de réception officielle.
Toutes les équipes sont conviées au Club de Chasse de Villacarlos qui est l’organisateur de cette rencontre. C’est juste à l’entrée Sud de la baie de Mahon.
Quatre équipes étrangères sont présentes, italiens, anglais, irlandais et français ainsi qu’une dizaine de Clubs espagnols.
Pots, discours, puis, comme pour l’inauguration d’une compétition olympique, l’ensemble des équipes en grandes tenues, pavillons nationaux, en tête de Clubs brandis, nous nous rendons à pied jusqu’à la place de la mairie ou Monsieur le Maire nous attend ainsi, que la presse et même une chaîne de télévision !
Je dis nous, car je fais partie maintenant de l’équipe de France.
Jo m’a équipé d’un tee-shirt “Équipe de France de Chasse sous-marine”, casquette et tout et tout.
Je suis le skipper du bateau officiel de l’Équipe de France.
Avouez que c’est classe, les autres ont tout juste un petit zodiac.
La place à un air de fête.
Face au perron de la mairie, nous sommes invités à nous aligner derrière nos pavillons, flottant hauts et beaux et nos capitaines.
Nous avons droit aux hymnes nationaux que nous écoutons dignement figés, dans un garde à vous quasi-militaire.
C’est vraiment très sérieux et quelle émotion quand ensuite Monsieur le Maire sort son petit papier pour annoncer combien il est heureux de nous accueillir et fier que sa ville soit organisatrice de cette rencontre comptant pour le Championnat du Monde.
Dire que quelques jours plus tôt je n’étais qu’un pauvre skipper amarré anonymement au quai de Mahon… !
Il y a quand même une justice.

Bien sûr, tant d’émotions nécessitaient un réconfort.
Nous nous entassons dans les salons municipaux ou un buffet bien garni, ainsi que vins et alcools, faciliteront les échanges et tant pis si quelques plongeurs n’auront pas demain le rendement attendu.

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